Seigneur, à l' heure où les lampes s' allument
dans les demeures des hommes, veillez sur les pilotes
qui rencontrent la nuit au retour d' un vol chez l' ennemi.
Eloignez d' eux le chasseur à l' affut dans l' ombre,
les bras de lumière et les fleurs rouges de la D.C.A.
Que les protègent les enfants qui chantent dans le soir
dans les pays en paix et les gardiens de troupeaux attardès
et les jardins endormis dans l' espoir du matin.
La brume noie les vallèes et les villes
et voile tous les mots d' amitié de la terre.
Epargnez-leur les fantasmes de la nuit montante
et de son royaume interdit,
à travers la saison des landes et des forets célestes.
Qu' ils sentent seulement leur coeur fondre
dans l' étendue de votre Miséricordie
quand le soleil disparait
pour les laisser sur le rivage
de ce grand abandon que vous avez connu.
Ecartez de leur impalpable voie l' orage,
le plafond bas, la clarté laiteuse de la lune,
la panne de radio qui couperait leurs derniers liens
avec les hommes, le doute qui se lève en eux
avant la première étoile.
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Testo di Jules Roy
Pubblicato su:
PRESENCE - L' HEBDOMADAIRE DES COMBATTANTS FRANCAIS EN ITALIE - Anno 1, Domenica 18 giugno 1944